Ce n’est pas une exposition de héros et d’héroïnes dans la posture si souvent privilégiée dans les récits visuels d’Afrique australe, où l’iconographie de la libération a dominé l’image et façonné le récit postcolonial et post-apartheid. Elle résiste à l’élan de la monumentalité et se tourne plutôt vers les voisins, les collègues, les êtres chers – des gens ordinaires dont les vies se déploient dans la rue, à l’atelier, dans la cour ou au fil des longs trajets quotidiens. Il s’agit de l’acte discret d’être présent, et du geste radical de demander à être vu.
En réunissant les photographies d’Alick Phiri et de William Matlala, les commissaires de cette exposition opportune posent un geste discret mais profond de réunion photographique continentale. Pour la première fois dans un espace muséal formel, la Zambie et l’Afrique du Sud sont liées visuellement et conceptuellement à travers les pratiques photographiques de deux artistes ayant navigué les contraintes des régimes postcoloniaux et d’apartheid, qui surveillaient le regard et limitaient l’expression des personnes noires.
Au milieu et à la fin du XXe siècle, la photographie dans ces deux pays représentait non seulement un défi technique, mais aussi un acte politique. Les photographes noirs étaient systématiquement exclus de l’accès à l’équipement, surveillés dans les espaces publics et souvent confrontés à l’intimidation ou à la censure pour avoir exercé leur droit de regard. Pourtant, Phiri et Matlala ont trouvé des moyens de continuer à voir. Leur œuvre ne se distingue pas par sa composition esthétique ou sa maîtrise technique, mais par sa persistance et la présence qu’elle rend possible, tant au moment de la prise de vue qu’aujourd’hui. Dans des contextes où les archives d’État enregistraient rarement les sujets noirs du quotidien avec dignité, ces photographes ont créé une contre-archive. Chaque image de cette exposition est un refus de l’invisibilité. Leurs archives, autrefois privées ou dispersées, deviennent aujourd’hui des offrandes publiques de mémoire.
Extrait du texte mural de Dr Siyabonga Njica.
Commissariat : Sana Ginwalla et Dr Andrea Stultiens.
Traduit par AI.
VUE DE L’EXPOSITION
More Editorial